Vous connaissez le rôle capital joué par l’inflammation de la synoviale dans les arthrites.
L’injection de dérivés de la cortisone dans l’articulation donne effectivement de bons résultats mais souvent éphémères.
Sommaire
Un produit qui a surpassé la cortisone
On a donc cherché à injecter des produits capables de détruire la synoviale ou tout au moins de la modifier de manière à faire disparaître l’inflammation.
Le terme de synoviorthèse venu du grec « orthos », « je rends droit », « je redresse », à été choisi par le Pr Delbarre.
Pour réaliser cette attaque locale de la synoviale, un des premiers produits utilisés dès 1947 a été l’acide osmique.
Les résultats obtenus sont intéressants et cette méthode est encore utilisée actuellement.
Les produits radio-actifs
Vers 1963, on a proposé d’utiliser des produits radio-actifs.
Depuis plus de 10 ans, cette méthode de traitement s’est beaucoup développée et a connu un succès considérable.
Plusieurs dizaines de milliers d’articulations ont ainsi été traitées, ce qui a permis un progrès dans le traitement de certains rhumatismes.
Les produit radio-actifs utilisés s’appellent des radio-isotopes.
Actuellement, on en utilise 4 :
- Yttrium 90 pour les genoux
- Erbium 169 pour les petites articulations des doigts
- Or 198 et Rhénium 186 pour les autres articulations
Le choix du produit dépend du type de rayonnement qu’il émet.
Les forts rayonnements sont réservés aux grosses articulations et les faibles aux petites.
Sur le plan pratique, voici comment se déroule l’opération.
- le synoviorthèse ne peut être faite qu’à l’hôpital dans un local spécialement équipé et protégé contre les dangers de la radio-activité.
- avant d’injecter un produit radio-actif dans une articulation, il faut être absolument certain que l’injection sera strictement intra-articulaire (il serait effectivement bien risqué d’injecter un tel produit n’importe où).
- c’est pour assurer cette précision que l’injection est faites sous contrôle d’une écran de télévision, seul moyen d’avoir une certitude absolue.
- l’injection terminée, l’articulation doit être complètement immobilisée par une attelle pendant 3 jours.
C’est pourquoi, lorsque l’on traite une articulation d’un membre inférieur : genou, cheville, hanche, etc., le malade doit rentrer chez lui en ambulance, sans poser le pied par terre, puis être porté dans son lit dont il ne bougera sous aucun prétexte pendant 3 jours.
Le traitement est bien supporté, et les réactions douloureuses locales rares et passagères.
Puisqu’il s’agit d’un traitement radio-actif, il convient d’être très prudent dans ses indications et de ne pas l’utiliser chez une femme susceptible d’être enceinte par exemple, ou chez l’enfant.
Dans ces cas, il est préférable d’utiliser l’acide osmique.
Des études très sérieuses ont été faites pour s’assurer que cette utilisation d’un produit radio-actif était sans danger.
Les avantages du produit radio-actif
Il semble bien qu’avec les très grandes précautions qui sont prises, on puisse faire des synoviorthèses sans appréhension.
Cette méthode est surtout utilisée dans la polyarthrite, notamment lorsque l’atteinte d’une articulation est prédominante et résiste aux traitements classiques, et en cas d’épanchement persistant d’une articulation (surtout le genou).
S’il n’est pas logique de faire une synoviorthèse avant même d’avoir essayé un autre traitement, il faut savoir aussi ne pas trop attendre car lorsque les dégâts sont importants, les résultats sont nettement moins bons.
Si l’indication est bien posée, on obtient plus d’un bon résultat sur 2, ce qui est beaucoup dans des cas où le rhumatologue était jusqu’alors bien désarmé.
Surtout, le résultat obtenu est durable.
Bien souvent le succès d’une synoviorthèse permet d’éviter une intervention chirurgicale (synovectomie) qui aurait été le seul moyen de traiter de façon radicale cette inflammation rebelle de la membrane synoviale.
Éviter un opération est un résultat très appréciable.
Vous avez senti que les synoviorthèses représentent donc un grand progrès en rhumatologie.